Une fois les biocarburants produits, nous pouvons les utiliser pour faire tourner le moteur. Pour cela, il existe deux possibilités : soit on adapte le biocarburant aux moteurs existants souvent conçus pour fonctionner avec de l’essence et ses dérivés, (c’est la stratégie dominante actuelle), soit on adapte le moteur au biocarburant naturel. Avec cette deuxième solution, le biocarburant ne subit aucune transformation chimique. Nous présenterons d’abord la technique d'adaptation du biocarburant au moteur, puis celle de l'adaptation du moteur au biocarburant.
Les différents types de biocarburant nécessitent chacun une transformation chimique différente afin de s’adapter aux moteurs à essence classiques. Concernant les biocarburants oléagineux obtenus, une réaction chimique de trans-estérification permet de transformer l’huile végétale en biodiesel. Le biodiesel fonctionne de la même manière que le diesel dans le moteur. Il est donc possible de rouler avec un moteur diesel à ‘huile végétale pure' sans apporter d’importantes modifications au moteur. Cependant, la production de biodiesel étant aujourd’hui encore relativement coûteuse, il est plus rentable de mélanger ce biodiesel au gazole. Les proportions varient de 5 à 30 % en fonction du pays. En Europe, par exemple, le biodiesel est distribué à la pompe en mélange à 5% dans le gazole. Mélanger le biodiesel au gazole présente de nombreux avantages. Dans un premier temps, ce mélange possède un bon indice cétane (indice évaluant la capacité d'un carburant à s'enflammer), équivalent à celui du gazole. Ce mélange permet aussi de réduire l’émission de CO2 dans l’atmosphère.
De même pour la filière des alcools, où l’éthanol produit est
souvent mélangé à l’essence pour obtenir du bioéthanol compatible avec les
moteurs à essence. Le mélange est fait à proportion variante en fonction des
pays. Par exemple, il est incorporé jusqu’à 5% en Europe et jusqu’à 10 % aux
Etats-Unis. Au Brésil, les proportions varient
de 24 à 100% de bioéthanol dans l’essence. Ce mélange présente également de
nombreux avantages. Premièrement, l’éthanol a une bonne aptitude à se mélanger avec
de l’essence. De plus, il a un impact positif de combustion sur l’environnement
car il permet encore une fois de réduire l’émission de CO2 et
d’hydrocarbures imbrûlés dans ces moteurs.
Rudolf Diesel :
Enfin, nous pouvons dire
que l’adaptation de biocarburants au moteur nous épargne des modifications
complexes du moteur. Cette utilisation de biocarburant ne nécessite donc pas
des moyens techniques très avancés. En effet, le simple mélange des
biocarburants aux carburants actuels comme le gazole et l’essence, suffit à réduire
la pollution environnementale liée à la combustion des énergies fossiles.
Cette technique d’utilisation des biocarburants s’avère être
relativement durable. Cependant, le fait de mélanger les biocarburants à
d’autres sources d’énergies fossiles ne permet pas d’assurer l’autonomie des
biocarburants en tant que source d’énergie indépendante. Ainsi, adapter le moteur aux biocarburants devient une solution intéressante. Elle consiste notamment à
modifier la technique de combustion du moteur. Il existe aujourd’hui très
peu de moteurs pouvant fonctionner avec des biocarburants. Voici
deux exemples de moteurs pouvant fonctionner à l’huile végétale : le moteur
Diesel et le moteur Elsbett.
Rudolf Diesel :
En 1897, à l’aube du développement
de l’industrie automobile, l’ingénieur allemand, Rudolf Diesel, invente le
moteur Diesel et parvint à le faire fonctionner à l’huile végétale pure.
Mais quelles sont les particularités de ce moteur ? En premier lieu, il s’agit d’un moteur à combustion interne. La transformation de l’énergie thermique dégagée par la combustion du carburant en énergie mécanique (donc l’énergie responsable du fonctionnement du moteur), est faite à l’intérieur même du moteur. Le schéma ci-dessous résume bien le fonctionnement de ce moteur.
Mais quelles sont les particularités de ce moteur ? En premier lieu, il s’agit d’un moteur à combustion interne. La transformation de l’énergie thermique dégagée par la combustion du carburant en énergie mécanique (donc l’énergie responsable du fonctionnement du moteur), est faite à l’intérieur même du moteur. Le schéma ci-dessous résume bien le fonctionnement de ce moteur.
En premier lieu, on insère de l’air dans la chambre à combustion. Puis cet air est compressé. Lorsque la compression maximale est atteinte, le carburant est injecté. Cette injection directe est appelée le
principe de bicarburation. Celui-ci s’auto-enflamme à cause de la
haute température de la chambre à combustion liée à la forte compression, et
produit une explosion. Finalement, l’énergie est dégagée.
En conclusion, nous avons vu deux moyens alternatifs d’utiliser les biocarburants. La première
alternative d’adapter le biocarburant au moteur est la plus utilisée aujourd’hui. Cette technique permet de répondre partiellement aux problèmes environnementaux
liés à la consommation et à la combustion des énergies fossiles aujourd’hui.
Cependant, cette solution ne semble pas être très économiquement viable car
elle entraîne la hausse des prix du carburant. Voilà pourquoi, peu à peu, on
essaye d’adapter le moteur au biocarburant, soit en créant de nouveaux moteurs
(le moteur Elsbett) ou en modifiant des moteurs actuels (moteur Diesel).
Actuellement, se développe dans le même esprit, l'idée de trouver des
alternatives à la consommation et à la combustion des énergies fossiles. Par exemple, les
voitures hybrides dont le moteur thermique serait capable de fonctionner avec
des biocarburants, notamment du biogaz, seraient une des solutions. Cette science est en pleine expansion, motivée par le fait que la simple utilisation de ces biocarburants est écologiquement
durable.
Voiture hybride
Moteur Diesel
Une autre particularité du moteur réside dans le fait que son
allumage est spontané. En effet, le fort taux de compression du moteur permet
d’atteindre des températures très élevées allant de 700°C à 900°C dans la
chambre à combustion. Ainsi, lorsque l’on injecte du carburant dans la chambre
à combustion du moteur, celui-ci s’auto-enflamme immédiatement, (dû à la haute
température de la chambre), l’allumage du moteur se fait donc spontanément et
ne nécessite pas de bougies d’allumage. Cependant, des bougies de
préchauffage permettant d’augmenter la température de la chambre de
combustion, peuvent être utilisées pour permettre un meilleur démarrage du moteur à
froid.
Enfin, le moteur Diesel peut fonctionner à l’huile végétale, donc des biodiesels peuvent être utilisés comme
carburant. Le bilan énergétique et environnemental de l’utilisation de ce
moteur avec de l’HVP (l'huile végétale pure) est cependant assez faible. Par conséquence, l'utilisation des
biocarburants n'est ni très rentable économiquement, ni très
durable écologiquement à l’heure actuelle. Voilà peut-être une raison pour
laquelle au cours du XIXème siècle, des recherches ont été menées pour trouver
une alternative de moteurs pouvant fonctionner avec des biocarburants.
Ces recherches furent efficaces. En 1979, Ludwig
Elsbett mit au point le moteur Elsbett. Ce moteur doit son originalité au fait qu’il ait été spécifiquement conçu pour fonctionner à l’Huile Végétale
Pure. Cependant, ce moteur à combustion interne peut aussi bien fonctionner à
l’HVP qu’au diesel ou avec un mélange des deux, ce qui marque
une innovation importante dans la motorisation à combustion interne.
Moteur Elsbett
Analysons le fonctionnement de ce moteur particulier. Ce moteur
fonctionne en quatre temps, comme le moteur Diesel. Sa température de
fonctionnement est également très élevée: de l’ordre de 700°C à 900°C, permettant
ainsi une combustion efficace avec un taux de particules fortement réduit mais
produisant un plus fort dégagement d’ozone. Cependant, c’est la position et la
forme particulière de certains éléments du moteur, notamment une chambre
sphérique dans la tête du piston et l’inclinaison à 45° de l’injecteur qui
permettent d’atteindre cette température si élevée. Comment cela se fait-il ? Nous
allons expliquer.
Tout d'abord, l’inclinaison de l’injecteur, entraîne une plus
forte pression. Lorsque l’on y injecte le biocarburant, l’inclinaison fait
qu’un ‘tourbillon’ se créée dans la chambre à combustion de forme sphérique.
Ensuite, puisque le carburant est en agitation et sous très haute pression, il
atteint très rapidement lors de la combustion une très haute température.
Mercedes-Benz 1980
Dans les années 1980, certaines voitures Mercedes-Benz fonctionnaient
avec un moteur Elsbett. En effet, à l’époque de sa conception, le moteur
Elsbett était plus rentable que les moteurs Diesel. Cependant, aujourd’hui de
nouveaux moteurs l’ont rattrapé en termes de rentabilité et d’efficacité, donc son utilisation n’est plus très répandue.
Voiture hybride
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